La Fondation pour l'enfance lance une campagne de sensibilisation à destination des parents dans les grandes villes de France, tout l'été. 33% des parents ignorent que ces violences ordinaires sont interdites par la loi depuis 2019 et 39% ne savent pas de quoi il s'agit.
© Daniel J?dzura-123rf[Mise à jour du 23 juin à 10h34]. Les violences éducatives ordinaires sont interdites par la loi depuis 2019. Elle précise que toute éducation doit se faire "sans violences physiques, psychologiques ou verbales", excluant ainsi les fessées, les claques mais aussi les humiliations, les menaces et chantages affectifs envers les enfants. Selon une étude réalisée par mpedia auprès de 1310 enfants, 33% des parents ne savent pourtant pas que les violences éducatives ordinaires sont interdites en France. 36% des sondés ignorent quant à eux ce que regroupent ces violences ordinaires. Pour sensibiliser les parents, la Fondation pour l'enfance lance, tout au long de l'été, une campagne d'affichage dans les grandes villes de France. "Si je menace, c'est… de mes bisous !", "Si je hurle, c'est… de joie !", pourra-t-on lire sur les panneaux. Pour autant, cette loi ne s'accompagne pas de sanctions pénales ou financières, mais les parents sont 43% à souhaiter changer leurs comportements, notamment via des ateliers de soutien à la parentalité.
Les violences éducatives ordinaires concernent toutes les violences subies par les enfants, qu'elles soient physiques ou morales. Généralement, les parents reproduisent ce qu'ils ont vécu étant eux-mêmes enfants, et pensent alors donner "une bonne éducation" à leurs chérubins. "Les VEO sont utilisées par les parents ou les professionnels de l'enfance afin de leur permettre de se faire obéir par l'enfant ou de le punir d'un comportement indésirable pour l'adulte. Il existe les violences physiques : fesser, gifler, mettre des "petites" tapes sur les mains, secouer, tirer les oreilles, pousser, priver de nourriture... Il existe également les violences verbales et psychologiques : crier, insulter, punir, se moquer, humilier, faire du chantage, menacer, priver d'affection, menacer d'abandonner l'enfant, etc", précise l'association Stop VEO Enfance sans violences.
C'est le 2 juillet 2019 que le Parlement a définitivement adopté la proposition de loi visant à interdire les "violences éducatives ordinaires" en France qui devient le 56e pays à interdire "la fessée" et tout autre châtiment corporel sur les enfants. Cette interdiction est depuis inscrite dans le Code civil, avec l'ajout d'un alinéa qui précise que "l'autorité parentale s'exerce sans violences physiques ou psychologiques". Il sera notamment lu par le maire lors des mariages civils. En outre, la sénatrice Céline Boulay-Espéronnier avait demandé au gouvernement d'inscrire l'objectif de prévention des violences éducatives ordinaires dans les prérequis de la profession d'assistant maternel. "Les enfants ont le droit à une éducation sans violence. Aucun des titulaires de l'autorité parentale n'a le droit d'user de violence physique, d'infliger des punitions corporelles ou châtiments corporels, des souffrances morales, ou toute autre forme d'humiliation envers son enfant", précise l'alinéa 3 de l'article 371-1 du code civil. Il ne s'agit donc pas uniquement de fessée en guise de "punition". Ces "violences éducatives ordinaires" font aussi référence aux moqueries, aux cris et injures, et aux violences psychologiques (menaces, mensonges, chantage, culpabilisation), etc. Pour autant, la proposition de loi ne s'accompagne d'aucune sanction pénale. Il s'agit avant tout de sensibiliser les parents et de favoriser une prise de conscience dans l'intérêt de l'enfant.
"La violence éducative ordinaire (VEO) est l'ensemble des moyens violents qui sont utilisés, tolérés et souvent recommandés pour faire obéir et pour éduquer les enfants", précise Olivier Maurel, président de l'Observatoire de la Violence Éducative Ordinaire. D'après des études scientifiques, l'association rappelle que gifler un enfant, lui tirer l'oreille, donner une fessée ou encore crier, menacer, faire du chantage, insulter, etc. a un impact sur le développement des petits. Pourtant, les violences éducatives ordinaires ont des conséquences sur l'estime de soi et la confiance en soi, impactant ainsi le potentiel d'apprentissage de l'enfant. En outre, les enfants qui subissent des violences éducatives ordinaires auraient un risque accru de devenir auteurs ou victimes de harcèlement. Sur le long terme, les VEO représentent un risque de développer des troubles psychologiques (anxiété, dépression, et comportements à risques), mais aussi des comportements agressifs et asociaux. Les VEO augmenteraient également le risque de développer certaines maladies comme l'asthme, l'eczéma, les maladies cardio-vasculaires et auto-immunes et certains cancers, précise l'association.
Dans son ouvrage sur la fessée, Olivier Maurel livre quelques pistes pour éduquer sans violence. Dans un premier temps, il suggère aux parents de s'informer sur la VEO et les risques liés à la dévalorisation et au chantage. Il recommande également des cours de yoga et des exercices de respiration afin d'éviter de se mettre en colère et évacuer ainsi toute réaction violente. "Utiliser l'écoute active et empathique, aider l'enfant à nommer ses émotions et s'engager devant son enfant (oralement ou par écrit) à ne pas utiliser la violence" sont des étapes essentielles à une éducation bienveillante.
"Les violences éducatives ordinaires (VEO) sont encore très largement employées. 85% des parents reconnaissent avoir recours à la fessée (71,5% à des "petites gifles"), dont la moitié frapperait leur enfant avant l'âge de 2 ans et les trois quarts avant l'âge de 5 ans", rappelle StopVEO - Enfance sans violences. L'association lance une nouvelle campagne de sensibilisation auprès des parents.